Wozniak: le passé, l'avenir, l'amour

 

A.- Vous travaillez déjà plus de 30 ans au Canard Enchaîné, c'est presque 1/3 de la vie du 
journal. Quels sont vos sentiments ? W.- La joie et le bonheur, mémé si souvent c’est bien complique..... il y a des changements
aussi, la mode qui change. Il faut accepter des changements. Il y a des petits et les grossssses
changements tous les 10-15 ans. Je les ai vu, quand je suis venu au canard et après... Il n'y a
pas des règles. C'est un bonheur comme celle de rencontres entre les gens dans la vie. Comme t'a
de la chance de rencontrer des belles personnes, comme t'a de la chance de travailler dans un
bon journal... Même s'il y a des critiques, ce n'est pas important. C'est dans le prix. A.- Et dans quel sens selon vous iront ces changements ? W.- Pareil comme le monde entier. Tout se banalise. Une chose qui me fait peur, c'est ce que
maintenant les changements viennent vite, on essaie on teste , on aime on déteste, et après
l'habitude s'installe et tout va bien. Quand Cabu est venu au Canard, il y avait un très très
bon (Il est toujours) dessinateur - Vasquez de Sola. Il avait bien sûr un autre style, mais il
a regardé Cabu comme un dessinateur populaire justement banal. Ce n'était pas noble pour lui et
il a quitté le journal, il était fâché, il a fait même un procès. Et tout ça avec le fait qu'il
était la star au Canard. Et maintenant voilà- Cabu est devenu classique et on l'aime tellement.
Maintenant c'est nous qui disons "oh, encore n'importe quoi", mais on ne connaît pas l'avenir. Il faut des changements et la modernisation, il n'y a pas des doutes. On ne peut pas faire la
même chose que les gens faisaient en 1454. Le problème pour moi c'est quand tout de monde
devient tout un coup professionnel. Professionnel pas dans le sens qu'il faut aller à l'école...
Je suis le meilleur exemple. Pour devenir professionnel c’est une loooongue route, c’est pas en
coups de crayon... et le niveau baisse. De plus en plus. C'est comme avec des appareils photo.
On peut faire des photos magnifiques et aussi n'importe quoi, mais l'appareil est mieux
aujourd'hui que 20 ans avant. La technique a passé à une vitesse supérieure mais intelligence
humaine peut-être pas (sauf certains), tout se banalise. Avant il y avait beaucoup d'écrivains
et des dessinateurs avec une très très bonne style, il y avait la subtilité. Maintenant il y
en a de moins en moins. C'est l'époque des Youtube, tout de monde peut être drôle...pourquoi
pas ? Mais ça manque de profondeur et la jeunesse en prends l'exemple. C'est mieux de prendre exemple de Rembrandt que d'un des dessinateurs d'aujourd'hui. Il faut
être cultivé et d'avoir la base solide et après tu fait que ce que tu veux. A.- Selon vous, quelle est la possibilité que la jeunesse va prendre l'exemple de grands
artistes du passé? W.- Maintenant il y a beaucoup de talents, plus qu'avant je pense...ou plutôt il y a plus des
possibilités de montrer son talent. Certains, très rares vont regarder en arrière et vont
faire des choses modernes, d'autres vont faire des choses faciles. C'est plus facile bien sure
de copier un des nouveaux dessinateurs , qui n'a pas de la technique ni même dessin parfois,
et seulement quelques idées, que de copier Kerleroux qui est top de top. Il est très difficile pour être copié, il a son style... Plus facile c'est de faire n'importe
quoi surtout que actuellement on accepte très facilement n’importe quoi, et voilà. Pour
pouvoir aller plus loin il faut d'avoir de la culture. Il n'y a pas des racines il n’y aurai
pas de l arbre. A.- Malgré le fait que vous travaillez déjà tant des années au Canard, il y a très peu des
gens qui connaissent votre travail à part de Canard. C'est dommage car au Canard on ne voit pas
toute la richesse de votre univers artistique. W.- C'est vrai et je regret rien du tout avec ça, car tu peux pas couvrir tout. Quand j'ai
montré mes dessins de la série "Femmes fidèles" à mes amis, ils m'ont dit avec la joie d'une
découverte : " Ah, c'est ça ton véritable style !" Et pourtant c'étaient les gens très cultivés,
Bernard Thomas entre eux... Mais ce n'était pas mon "vrai" style, mais l'un de plusieurs.
Les gens n'aiment pas ça. Ils pensent que si tu fait quelque chose, il faut le faire bien,
tu peux pas être et un bon dessinateur satirique et un bon peintre à la fois, sinon tu fais
un travail pour deux. Ce pour ça que je trouve ma situation parfaite. Personne ne me connaît,
ceux qui connaissent c'est avec les dessins de Canard. Ça me dérange pas du tout, je veux pas
être dans tous les domaines. A. - Racontez votre procède de la création d'une peinture. Combien des temps il vous faut pour
finir la peinture? Comment vous comprenez quand l’œuvre est fini? W.- La vérité est que j'ai ne jamais compris quand la peinture est fini... Je signe le toile
ce que je peux pour dire qu'on n'est déjà pas loin... Avec Adelinaa (un grand talent) ce n'est
pas la même chose. Quand tu travailles avec quelqu'un ( et moi j'ai travaillé comme ça
uniquement avec Adelina, Manu, Cabu et un petit peu avec Kerleroux)..d'abord c'est difficile
de trouver la personne qui te comprend et avec laquelle tu te sens a l'aise. Difficile...
Mais quand vous vous trouvez, il faut tout faire pour prolonger les moments de la création. Quand tu es seul, ce n'est pas la même responsabilité. Ce n'est pas urgent non plus. Je fais
très très rarement les esquisses, peut-être 1 pour 100. Je commence direct sur la toile.
D'abord le dessin. Après il y a beaucoup de changements... En moyen pour un tableau il me
faut 1-2 ans. Une fois dans ma vie j'ai fini dans 15 minutes. J'ai préparé la toile pour le
tableau et il m'a tellement plu que je l'ai laissé comme ça. Après j'ai bien sûr essayé de
faire pareil, vite vite hop hop, mais rien ne marché. A.- Racontez-vous de votre collaboration avec Adelinaa. W.- Adelinaa c'est un personnage magnifique, un personnage d'amour. Comment on se rencontrer
c'est une longue histoire mais comment on a commencé de collaborer ? Petit à petit. Je pense
que je l'ai demandé. J'ai fait la peinture de la série "STREET ART DE VIVRE", des SDF sur le
banc public. Au début Il y avait 3 sans domicile, puis 2, puis 1 seul personnage et je l'ai
transformé en Adelinaa. Elle dormait comme ça sur la banc a la place de la République quand
elle est venue à Paris. J'ai pouvais pas finir ce tableau, alors j'ai demandé à Adelinaa de
le faire. Elle en a fait si vivante si simple ! Après ça on a commencé de faire ensemble des
affiches, des bâches pour le DAL, des dessins...et des peintures finalement. C'est un plaisir
parce qu'elle a un grand talent, elle travaille vite, elle n'a pas des complexes. Et comme
ça je fais ma partie, je laisse le pinceau à Adelinaa et j'attends. A.- En fait c'est comme un jeu ? W.- C'est léger c'est un jeu...il n'y a pas de pression. Surtout que c'est elle qui finit le
tableau et elle qui est responsable. (rire) A.- Le dessin de presse as-il encore sa force et sens? W.- Maintenant les meilleurs dessins que je vois c'est dans la Courrier International.
Et souvent de pays "démocratiques" comme Turquie, les pays africains. Parce qu'il y a envie
de faire quelque chose, il y a souvent des symboles, des bons dessins... Dans les pays
occidentaux il y a beaucoup de n'importe quoi. Ici on a aussi la censure, mais c'est la
censure de l'argent, de pub etc. Bien sûr c'est plus facile de faire un dessin-n'importe
quoi seulement rigolo, que de faire 1 dessin qui parle...qui exprime une idée... un sentiment.
C'est la période comme ça, on ne connaît pas l'avenir...on ne sait pas sûr qu'elle route on
s'engage. C'est sur que demain l'intelligence artificielle va faire les dessins pour nous
et même mieux que nous. Mais qu'est-ce qu'on va faire nous? A.- À quelle école tu appartiens . Que ce que t'a formé comme l'artiste? W.- J'étais formé en regardant les artistes polonais, sans doute. C'était les affichistes,
les dessinateurs de presse. Il y avait un grand journal et quelques petits où le style
symbolique était né. Les dessinateurs cherchaient des symboles pour être accepté par la censure.
Et après quand j'ai commencé de travailler avec des journaux j'ai faisait la même chose.
J'ai cherché des symboles que tout de monde comprendrait mais en même temps pouvait pas les
interdire. C'était à la base des références culturelles sur la littérature, les spectacles,
les films, sur la culture générale. C'était la meilleure école pour le dessin satirique.
Puis encore il y était une très bonne école des affiches. On avait les plus belles affiches
en Pologne. Dans tout ça j'ai grandi. Et maintenant en Pologne on voit la même chose qu'on
voit en toute l'Europe. A.- Quel conseille donnez vous aux jeunes artistes qui cherchent leur voix? W.- Juste d'aller tout droit , n'est pas faire le compromis...même si aujourd'hui c'est
beeeeeaucoup plus difficile... Parce que comme ça on perd notre route, quand on commence
de faire des choses quels les autres veulent. Et puis tu ne vas pas avoir un plaisir.
Première chose - chercher le plaisir. Si tu te donnes la chance d'avoir un plaisir, il y a la
possibilité que d'autres vont en avoir aussi. Il faut payer très cher, mais ça veut le coup. Et n'est pas cherché un succès, parce que
quand on cherche le succès c'est toujours avec le compromis.Être un jeune artiste aujourd'hui
c'est déjà de se mettre un peu à la marge...et si la chance vous sourit tout d'un coup tout
monde t'adore... Bien sûr tout qu'est-ce que j'ai dit c'est sont des conseils... Mais le
premier vrai conseil c'est de ne pas écouter trop les conseils des autres... i but mondryj tieper...